L’ACTIVITE L’ACTIVITÉ DE VALADE & TRANSANDINE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LE CONCEPT DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ?

Par Claude Gilois, consultant pour Valade & Transandine

La société Valade & Transandine est connue comme le spécialiste des vins étrangers en France. Elle en importe d’une trentaine de pays, le plus lointain étant la Nouvelle Zélande.

Le développement durable : une définition
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C’est un mode de développement économique cherchant à concilier le progrès économique et social avec la préservation de l’environnement, considérant ce dernier comme un patrimoine à transmettre aux générations futures. Le principe du développement durable consiste à développer ses activités en tenant compte de leurs impacts à court, moyen et long terme sur l’environnement, les conditions sociales et l’éthique et ce, au niveau mondial. Ce concept repose sur la nécessité de préserver les ressources pour les générations futures tout en maintenant un objectif de croissance. L’agriculture biologique et raisonnée, le commerce équitable, les marchés des énergies renouvelables sont des activités de développement durable.
Même si cette définition est loin de faire l’unanimité, nous l’utiliserons ici pour notre démonstration et nous reviendrons sur ses limites en conclusion.

L’empreinte carbone

A l’intérieur de ce concept de développement durable, l’empreinte carbone des activités humaines est devenue sans doute la principale préoccupation car il est indéniable, aujourd’hui, que la planète fait face à un réchauffement climatique qui menace à moyen terme la survie de l’espèce humaine.

Comment avoir un effet neutre en carbone sur notre environnement ?

L’idée d’un « prix à payer » pour les émissions de gaz à effet de serre a fait son chemin depuis la création du concept de « bourse du carbone » en 2002 [1] dont les lignes directrices sont détaillées dans le protocole de Kyoto. Fixée à l’origine pour des sociétés émettrices de grosses quantités de gaz à effet de serre, le concept s’est petit à petit étendu aux produits manufacturés, à l’agriculture, à l’élevage et aux activités de services.

Il est donc possible, soit d’échanger des quotas d’émissions entre les entreprises émettrices sur les marchés des bourses du carbone ou d’acquitter une somme, souvent encore facultative, quand celle-ci peut être calculée pour déterminer le montant de l’empreinte carbone sur l’environnement.

Les compagnies aériennes par exemple proposent à leurs clients de payer un montant supplémentaire, basé sur la valeur de marché de la tonne de carbone, pour « compenser les émissions » générées au cours de leurs voyages. Ces sommes sont ensuite versées à des organismes pour être investies dans des programmes de réduction d’émissions de C02 (plantation d’arbres, migration vers des techniques moins polluantes etc.) de telle façon que votre voyage n’a aucun impact carbone sur l’environnement. Nous ne connaissons pas aujourd’hui l’efficacité réelle de ces programmes de compensation car il n’existe aucun organisme indépendant national ou international de contrôle.

Le montant de la tonne de carbone fluctue suivant le marché et nous avons pris une valeur de 24,61 € par tonne (prix au 25 octobre 2019) pour cette étude [2].

Toute personne ou société peut de cette façon s’interroger sur l’impact carbone de ses activités. La société Valade et Transandine parce qu’elle importe de pays lointains, qu’elle exerce une activité plus ou moins directement liée à la terre, et qu’elle est concernée par les problèmes environnementaux se doit de se poser la question sans détour.
L’importation des vins de Valade et Transandine se fait uniquement par voie maritime et par la route. Jamais par avion.

L’impact Carbone du transport maritime
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La plupart de nos containers sont acheminés du port principal du pays du producteur exportateur jusqu’au port du Havre et sont ensuite transbordés sur un « feeder » (un navire plus petit) jusqu’au port de Bassens près de Bordeaux. Il ne leur reste alors plus qu’une dizaine de kilomètres à parcourir en camion jusqu’à notre entrepôt. Nos achats se font en général FOB [3] donc l’impact du transport routier jusqu’au port du pays de provenance n’est pas pris en compte puisqu’il est à la charge du producteur.

Le transport maritime émet 0,00267Kg de C02 [i] par tonne de fioul lourd et par kilomètre parcouru. Connaissant le poids du conteneur et la distance parcourue ainsi que le coût de la tonne de C02 on peut facilement calculer le montant qui faudrait « compenser » pour avoir un impact carbone neutre sur l’environnement. Nous faisons charger les conteneurs avec environ 15.000 bouteilles et le poids d’un conteneur est d’environ 18 tonnes. La distance parcourue varie en fonction des lieux de provenance. Imaginons que nous acheminions un container de vins de Californie du port d’Oakland jusqu’à Bordeaux (soit de 9121 kilomètres). Il faudrait donc s’acquitter d’un montant de 10,79 € pour compenser les émissions de la partie maritime du trajet.
Il faut aussi ajouter à cela la traction du container depuis le port de Bassens à l’entrepôt Valade & Transandine, soit approximativement 15 kilomètres. Le coût des émissions de C02 pour un poids lourd est de 0,05 Kg de C02 par tonne et par kilomètre. Le poids lourd émet donc 0.0135 tonnes de C02 et le montant de la compensation s’élève à 0,33 €. Le montant total à compenser est donc de 11,12 Euros soit 0,00062 Euros par bouteille. Un coût négligeable.

Il n’aura échappé à personne que le transport en poids lourd est très onéreux en carbone. S’il était possible de faire le trajet Oakland Bordeaux en poids-lourd, le montant de la compensation serait de 202 Euros.

Il est certain que la tonne de carbone ne restera pas à un prix aussi bas que 24,61€. Elle était de 22€ il y a une dizaine d’années. En effet le changement climatique impacte plus durement l’environnement Et le coût du pétrole augmente au fur et à mesure qu’on se rapproche du pic de production et que la conjoncture mondiale pousse à l’investissement[ii]. Imaginons un prix de la tonne de carbone à 100€ [4]. Alors pour l’importation d’un container de 18 tonnes qui doit parcourir 9121 Km il nous faudra compenser pour la partie maritime 43,85 € et 1,35€ pour la partie traction terrestre, soit une compensation de 45,20 € (0,0030 € par bouteille). Je pense que la grande majorité des consommateurs est prête à payer cette somme pour bénéficier de la diversité de la palette aromatique des terroirs du monde dans leur verre !

Le diagramme suivant est révélateur de l’efficacité des divers moyens de transport en termes d’émissions carbone [5].

Le transport par bateau est 500 fois moins polluant que le transport par avion moyen courrier mais une voiture roulant à l’essence ou au diesel est aussi polluante qu’un avion moyen courrier. Le train est 33 fois moins polluant que la voiture ou l’avion moyen courrier.

Les transports européens par route

La quasi-totalité de nos transports européens se font par route en général par quantité de 5 palettes (600 bouteilles par palette) soit 4 tonnes par arrivage sur des distances moyennes de 1.000 KM jusqu’à nos entrepôts à Bordeaux. La majorité se faisant à partir d’Espagne et d’Italie. Il nous faudrait donc pour « compenser » s’acquitter d’une somme de 49,22€ soit un montant par bouteille de 0,0020 € pour avoir un effet carbone neutre sur l’environnement. Même à 100€ la tonne de carbone, cela n’ajoute pas un coût significatif à la bouteille de vin (0,008 €).

CONCLUSION

Pouvons-nous répondre sans ambiguïté que l’activité Valade et Transandine est une activité qui répond favorablement au concept du développement durable ?

Dans le cade de notre définition sans aucun doute. Par contre, la consommation de denrées périssables qui doivent être acheminées par avion ne l’est plus en l’état actuel des transports.
Mais voilà, la définition est contestée, non sans justifications, par certains des partisans de la « décroissance [iii]» qui pensent que le bien-être des générations futures ne peut être assuré que dans un système de décroissance (ou plutôt d’une a-croissance) de l’économie et qui trouvent le concept de croissance continue illusoire au regard des limites des ressources de la planète et qu’il y a même urgence à rentrer le plus vite possible dans un cycle de décroissance. Pour eux, le concept de développement durable est un oxymore [6].
Dans ce cas, l’économie deviendrait plus locale et il faudrait abandonner sans doute une bonne partie des échanges commerciaux qui ont contribués depuis des millénaires au développement de l’humanité.

Le débat est ouvert.

Sources
[1] Un tel marché peut exister au niveau national ou international si les droits sont rigoureusement de même nature. Il existe en fait plusieurs bourses à Carbone. Seule l’Union européenne a établi des règles contraignantes alors que les USA, la Chine et la Russie, non signataires du protocole de Kyoto, se sont donc, de facto, exclus de ce système de régulation.

[2] Pour plus de renseignement sur la marché du CO2 consulter « qu’est-ce que le prix » du C02 de Jean-Marc Jancovici : http://www.manicore.com/documentation/serre/prix_CO2.html

[3] Free on Board.

[4] Le prix de la tonne de carbone est de 109 € en Suède actuellement.

[5] Source : Jancovici : http://www.manicore.com/documentation/serre/prix_CO2.html

[6] On dit qu’une expression est un oxymore (ou dite « oxymorique ») lorsqu’elle met côte à côte deux mots ayant des sens opposés et aboutissant à une image contradictoire.

[i] Origines des données utilisées : Observatoire de l’Energie et Jancovici.
[ii] La vie après le pétrole : De la pénurie aux énergies nouvelles.2005. ISBN-10: 2746706059. ISBN-13: 978-2746706057
[iii] Petit traité de la décroissance sereine. Par Serge Latouche. 2007. ISBN-10: 2755500077. ISBN-13: 978-2755500073.
III La Décroissance pour tous.de Nicolas Ridoux2006. ISBN-10: 2841901556 ISBN-13: 978-2841901555

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