Sine Qua Non

Rien ne prédisposait Manfred Krankl à devenir une figure emblématique de l’industrie viticole californienne. Pourtant son aura s’étend aujourd’hui dans le monde entier avec des vins que Robert Parker encense d’année en année. Au départ, Manfred, émigré autrichien arrivé en Californie au début des années 1980, est restaurateur à Los Angeles et il s’aperçoit vite de la médiocre qualité du pain proposé en Californie. C’est donc sur la boulangerie qu’il jette d’abord son dévolu en tant qu’entrepreneur en créant la ‘La Brea Bakery’ qui devient vite un succès mais qui consume toute l’énergie et le capital de Manfred. Il décide alors de consacrer son temps et son énergie à un projet à taille plus humaine avec l’élaboration de vins haut de gamme. Comme beaucoup de domaines californiens, il commence par acheter des raisins et collabore avec John Alban, un viticulteur de renom spécialiste des cépages rhodaniens. Son premier millésime en 1994 ne dépasse pas les 100 caisses mais, en 1995, une note de 95 points de Robert Parker le propulse en orbite.

Il s’installe dans la région de Ventura sur une zone industrielle dans un hangar que Robert Parker décrira comme digne de figurer dans une scène de ‘Mad Max’. Les notes élevées de Robert Parker et des autres critiques américains vont s’accumuler faisant de Manfred une star et de ses vins, des icônes. Mais quand on ne produit que 3000 caisses, difficile de contenter tous les amateurs et les importateurs de la planète. Non content de s’approvisionner en raisins auprès des meilleurs producteurs, il va alors planter ses propres vignobles et il possède aujourd’hui 10 arpents de vignes de 0,4 hectare sur sa propriété personnelle à Oakview et 20 autres arpents de même taille à Santa Rita Hills près de Buelton. En 2012, un nouveau chai de vinification construit sur la propriété des Krankl (Elaine son épouse est activement impliquée dans a gestion du domaine) vint remplacer le fameux hangar sur la zone industrielle. Au fil des ans, le domaine s’est spécialisé dans les cépages rhodaniens rouges comme blancs avec des vins puissants, robustes et des élevages très longs qui peuvent aller jusqu’à 6 ans. Du pain béni pour les critiques américains. Les étiquettes des vins changent tous les ans car Manfred est aussi un photographe talentueux.